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Les récents appels à la décolonisation de l’aide au sein des ONG(I) qui opèrent dans le secteur de l’aide, découlent d’une critique fondamentale du système d’aide internationale qui a émergé du mouvement Black Lives Matter (BLM) en 2020. La critique décoloniale attire l’attention sur les déséquilibres de pouvoir et le racisme structurel qui remontent à l’ère coloniale. Ces héritages coloniaux continuent d’imprégner le système humanitaire international, le plus visible étant la domination des organisations (non)gouvernementales internationales qui façonnent la structure de l’aide. Le débat sur la « décolonisation de l’aide » a été repris par les organisations humanitaires, de développement et de consolidation de la paix. Elle est définie de manière générale comme un processus de réflexion, d’analyse critique et d’action qui identifie et démantèle les déséquilibres de pouvoir et le racisme structurel afin d’œuvrer à la mise en place d’un système d’aide plus équitable, axé sur l’humanité partagée de tous les membres du personnel et des communautés visées par l’aide. 

La critique décoloniale est particulièrement pertinente pour le nexus HDP : le débat sur le nexus HDP a émergé autour du Sommet humanitaire mondial (SHM) de 2016 dans le cadre de la « nouvelle façon de travailler », qui implique de mieux intégrer les acteurs « locaux » de l’aide gouvernementale et non gouvernementale dans le système humanitaire. Conformément au « Grand Bargain », un accord issu du SHM, les signataires sont censés œuvrer en faveur de « résultats collectifs » et de la « localisation » dans le cadre d’une approche ascendante, par le biais d’une analyse conjointe et d’un accès direct au financement pour ces acteurs locaux. Nous soutenons que la mise en œuvre actuelle du nexus HDP n’aborde pas les asymétries de pouvoir et les inégalités structurelles dans le système d’aide international. Au-delà d’une approche ascendante de la localisation, nous appelons à une refonte décoloniale qui analyse et reconnaît la manière dont les héritages coloniaux affectent les flux de financement, la répartition du personnel et du pouvoir de décision, ainsi que les normes et les attitudes au sein du secteur de l’aide.